mardi 5 juillet 2011

Ma mission à l'UGPPK

J’aurais peut-être dû commencer par la… Mais j’attendais d’être entré dans le vif de l’action pour mieux vous décrire ma mission.
Je suis volontaire pour Uniterra, un consortium de 2 ONG canadiennes (le CECI et l’EUMC). Mon partenaire local chez qui j’effectue mon mandat s’appelle l’UGPPK-SZ ou l’Union des Groupements de Productrices des Produits de Karité de la Sissili et du Ziro. C’est union a plus de 15 ans et réunit aujourd’hui 4 000 productrices réparties dans des villages et des communes des 2 provinces (Sissili et Ziro) situées au sud-ouest de Ouagadougou.
Les femmes membres de l’union produisent du beurre de karité à l’aide des équipements de l’union ou alors fournissent des amandes. La production du beurre de karité est une pratique ancestrale en Afrique de l’ouest. Depuis la nuit des temps les femmes ramassent les fruits murs du karité et les transforment en huile ou en beurre suite à un procédé très complexe et très physique.
Aujourd’hui l’UGPPK a mis en place 9 PTF (plates-formes multifonctionnelles) grâce auxquelles les femmes peuvent produire du beurre de façon semi-mécanisée. Ainsi leur travail est beaucoup moins pénible et plus efficace. Cela leur permet d’avoir des revenus tout en gardant du temps pour s’occuper des champs, des enfants, de la maison, etc…
Mon mandat porte plus particulièrement sur la mise en place d’une chaine semi-industrielle a Léo. En effet, le comité de direction de l’union composé de productrices élues a décidé d’opter pour cette option pour assurer la pérennité de l’union. On souhaite mettre en place une chaine semi-industrielle permettant d’augmenter la production, de réduire les coûts et d’améliorer la qualité du beurre.
Sur le marché international, le beurre de karité est connu depuis au moins 15 ou 20 ans. Au début il était surtout utilisé dans le domaine alimentaire comme substitut du cacao pour augmenter le point de fusion du chocolat. Pensez au slogan de M&M’s : « Ca fond dans la bouche et pas dans la main ». A ce moment le beurre de karité n’avait pas une grande valeur puisqu’il était utilisé au même titre que les autres beurres végétaux. Ce n’est que depuis quelques années que l’industrie du cosmétique et des soins de la peau ont commencé à s’y intéresser. Et avec raison puisqu’en Afrique on sait depuis longtemps que le beurre de karité a de nombreuses vertus : protection anti UV, lutte contre l’eczéma, hydratation de la peau et des cheveux, vitamines, etc… Plusieurs spécialistes parlent du meilleur produit naturel sur toute la planète.
Les grandes firmes telles que L’Oréal, L’occitane, The Body Shop, etc… ont tour à tour sortit des produits hydratant, anti-âge, anti UV, etc. à base de beurre de karité. Bien que la plupart du temps les dosages tournent autour de 3 à 4% de beurre quand les africaines l’utilisent pur!
Dès lors, le beurre et les amandes ont pris de la valeur sur le marché international. Le problème c’est que la plupart des grosses firmes ont fait comme à l’habitude pour les ressources naturelles africaines : elles achètent la matière première (les amandes) à un prix dérisoire puis font la transformation dans des usines au Danemark ou en Chine. Les femmes ne gagnent quasiment rien pour leurs amandes (environ 250 FCFA soit 0.5$ pour une calebasse de 2.5 kg). Sachant que les amandes demandent plusieurs traitements avant d’être vendues (ramassage, ébouillantage, séchage, décorticage, séchage).
A titre d’exemple, les pots de crème contenant 4% de beurre sont souvent vendus autour de 10$ en Europe ou en Amérique du nord. Il y a donc énormément d’argent dans le système, mais il n’atteint pas les productrices. Au contraire, on dépouille l’Afrique de ses richesses naturelles pour s’enrichir grâce aux madames occidentales qui sont attirées par l’aspect naturel des produits proposés.
Bref, quelques union comme l’UGPPK subsistent en Afrique de l’ouest mais elles sont soumises à rude épreuve au niveau concurrence par rapport aux grands groupes qui exportent des centaines de milliers de tonnes d’amandes. Jusqu’ici ces unions ont pu survivre en jouant la carte sociale et équitable. Mais aujourd’hui ce ne sont plus des arguments très à la vogue. Ce qui marche mieux c’est le Bio et le naturel. Hors tout le monde même les plus grosses entreprises sont capables de faire du bio et du naturel et peuvent écrire sur leur site que leur préocupation première est d’aider les femmes africaines, meme s’il n’en est rien.
Il faut donc être capable de fournir un beurre de haute qualité à un coût compétitif tout en continuant a fonctionner comme une union socialement responsable. Tout un défi. Mais pas insurmontable. À l’heure actuelle, la qualité du beurre de l’UGPPK est l’une des meilleures sur le marché. La production a augmenté sérieusement les dernières années pour atteindre 200 tonnes en 2010-2011. Nous avons des grands acheteurs européens qui ont déclaré que nous étions les meilleurs de tous leurs fournisseurs.
A travers mon mandat je les assiste sur la mise en place de la chaine de prod. Je donne des formations aux employés sur la gestion de la qualité, la gestion des sotcks, l’organisation de la maintenance, etc. J’ai aussi pu apporter mon grain de sel a la conception des machines que nous devrions bientôt recevoir et installer. Une fois la chaine en place il ne devrait plus y avoir d’étapes de levage et de transport de charges lourdes, certains paramètres seront controlés de facon automatique, et le process devrait etre plus rapide qu’a l’heure actuelle.
Je vous mets quelques photos pour illustrer tout ca.
A bientôt
P.S : Si vous voulez que je vous ramene du beurre ou du savon n’hésitez pas à passer commande.
Pour en savoir plus, jetez un coup d'oeil sur les sites suivants:

Les fruits du karité. La chair est comestible est assez bonne. Ca ressemble a la sapotille antillaise ou au mamey mexicain


Un arbre a karité dans la cour de l'UGPPK


Ébouillantage des amandes après le ramassage


Séchage des amandes au soleil apres l'ébouillantage

Amandes décortiquées après ébouillantage
Lavage des amandes

Tri des amandes apres le lavage
Amandes après concassage
Torréfaction

Barattage de la pate

Lavage de la pate apres barattage

Cuisson traditionnelle de la pate

Cuisson traditionnelle de la pate

Le beurre coule comme du sirop après la cuisson