samedi 25 juin 2011

L’art de la météo

Là où en France et au Québec la météo est une science extrêmement complexe à laquelle les météorologistes eux-mêmes ne comprennent rien, ici c’est un art que chacun pratique à sa façon!

Le mois de juin est le mois de transition entre la saison sèche (8 à 9 mois) et la saison des pluies (3 à 4 mois). En juin il n’est pas rare de passer d’un ciel bleu avec un soleil chaud à un ciel apocalyptique avec des éclairs, du vent, de la pluie, suivi d’un grand soleil. Et tout ça en une matinée!

Mais les burkinabés ont tous leur technique pour prévoir la pluie! D’ailleurs personne ne regarde la météo à la télé. Et la présentatrice de la chaine locale passe plus de temps à parler des précipitations passées que des prévisions pour le lendemain.

Voici quelques techniques que j’ai notées en parlant avec les gens.

-          La technique du « il fait trop chaud » : j’ai rencontré 2 personnes adeptes de cette technique et les 2 fois ils avaient raison. Le principe : « Il va pleuvoir parce qu’il fait trop chaud ». Sachant qu’ici il fait très chaud quasiment tout le temps! Mais ça demande beaucoup d’expérience pour trouver la frontière entre il fait très chaud et il fait trop chaud... Pour l’instant je n’y arrive pas.

-          La technique du mulet : un gars m’a dit que quand son âne hennit dans des circonstances précises il sait qu’il va pleuvoir dans les 12h. Mais il faut être vigilant car son âne hennit aussi quand il y a une femelle dans le coin et aussi pour donner l’heure toutes les heures – 5 min (14h55, 15h55, etc…). J’ai testé avec un âne à côté de chez moi et je me suis rendu compte que celui la hennit toutes les heures et 20 minutes (14h20, 15h20, etc…). Je n’ai pas encore su déceler le hennissement de la pluie…

-          La technique des fourmis : c’est sûrement ma technique préférée! C’est un guide forestier qui me l’a expliquée. Il y a une variété de grosses fourmis qui 24h avant une grosse pluie déménagent tous les œufs de leur fourmilière. Apparemment c’est infaillible et ça donne 12h de plus que la technique de l’âne.

-          La technique du « je ne dors pas quand il va pleuvoir » : certainement une des plus impressionnante. Au cours d’un séjour à Tiébélé nous avons été reçus par la famille royale (ce sera l’objet d’un post). Ils nous ont royalement installés sur le toit d’une des cases pour dormir « à la belle étoile » comme il est de tradition là-bas. Je me suis couché vers minuit sous un beau ciel étoilé sans nuage. A 1h le chef de famille est sorti de sa case pour nous réveiller et nous mettre à l’abri car il avait senti que la pluie arrivait. De mon point de vue je pensais qu’il capotait et qu’on pouvait encore dormir un peu. Il n’y avait pas de vent, pas vraiment de signes précurseurs. Eh ben 13 minutes plus tard c’était le déluge! Et pas un petit déluge! On lui a demandé comment il avait fait et il nous a répondu « Je me réveille toujours avant que la pluie n’arrive et je ne dors pas tant qu’elle n’arrête pas ». Pas mal!

Je suis sûr qu’avant la fin de mon séjour j’apprendrais encore d’autres techniques pour prévoir la pluie. Les météorologues n’ont qu’à bien se tenir!

En tout cas tout le monde ici espère que la saison des pluies sera riche car pour l’instant le ciel a été plutôt timide et certaines personnes n’ont même pas pu semer leurs champs…

Bon vent à tous!
Les éclairs sont assez impressionnant!



Il n'est pas rare de voir des nuages très bas en fin de journée. Mais ca ne veut pas dire qu'il va pleuvoir...


Les barrières de pluie interdissent l'accès à certaines routes en terre après les grosses pluies. Ca permet de garder les routes en bon état.

Un beau grain qui s'approche...

Le grain commence

C'est le déluge!

dimanche 5 juin 2011

Le "barrage" de Léo

Difficile d’estimer la population de Léo vu que la ville est très étalée. Des gens m’ont parlé de 10 000 habitants, je veux bien les croire. En tout cas ça fait beaucoup de bouches à nourrir et donc beaucoup de champs à cultiver! Le climat de la région est de type sahélien : il fait très sec la plupart du temps et les précipitations se concentrent sur une période de 3 mois appelée « hivernage » (comme aux Antilles) et qui dure de mi-juin à mi-septembre.

Mais quand il pleut, il pleut beaucoup! Ce qui alimente les rivières et lacs de la région. Si bien qu’au final, la flore est quand même assez développée. Il y a pas mal de grands (voire très grands arbres) : manguiers, avocatiers, capoquiers, quelques baobabs et bien sur des arbres à karité!
Et puis, les gens arrivent à maintenir une activité agricole répartie tout au long de l’année. Les principales récoltes sont maïs, riz, ignames, bananes, tomates, choux, etc… Et du mil bien sûr. Mais je n’ai pas encore pu approfondir la question et je ne m’y connais pas du tout en mil!

Tout ça pour vous dire qu’ils construisent des barrages un peu partout pour retenir l’eau et cultiver même pendant la saison sèche. Le barrage de Léo est juste à côté du centre-ville. En ce moment il est très bas comme vous verrez sur les photos.
Certains y font boire leurs animaux et d’autres viennent y remplir des futs d’eau. Mais le plus étonnant est qu’il y a des pécheurs qui pataugent les pieds dans l’eau pour essayer d’attraper quelque chose, juste à côté d’un groupe de crocodiles! Oui madame! Et pas des petits crocos!

Et les gens me disent : « ils ne sont pas méchants, ils ont peur des humains. Ce sont nos totems, ils protègent la ville ».
Eh ben moi, gentils ou pas, j’ai eu un peu peur de les approcher… Mais pour satisfaire la curiosité de mes fidèles lecteurs, j’ai quand même réussi à prendre quelques belles photos au péril de ma vie!

Je vous laisse déguster ça…


Coucher de soleil sur le barrage (c'est un croco le "rocher" au milieu)

 Des boeufs en train de s'abreuver en fin de journée


Je vous présente Albert, le plus gros des crocodiles. Apparemment il répond quand les pécheurs l'appellent par son prénom

Un pécheur qui fait tranquillement sa besogne pas loin d'Albert

Remplissage de tonneaux surement pour les champs

Quelques champs qui puisent leur eau dans le barrage

Champ de choux

Vue vers le barrage

Les boeufs se dirigent vers le barage pour aller boire mais ca ne semble pas pertuber ce petit garcon qui rentre de l'école à vélo

vendredi 3 juin 2011

Bienvenue à Léo!

Ca fait maintenant 10 jours que je suis à Léo, une charmante petite ville de la Sissili, 2h au sud de Ouaga et tout près de la frontière du Ghana.
La première fois qu’on arrive à Léo, on se croit dans un petit village. Il n'y a qu’une route goudronnée qui traverse la ville et toutes les autres rues sont en terre. Ca s’appelle des « 6 mètres ».
Le centre-ville est toujours animé. Il y a pleins de petites échopes sur le bord de la route : coiffeurs, mécaniciens, vendeurs vélos, couturiers, épiceries, bazars, etc… Puis il y a la place du marché sur laquelle on trouve de tout. Il y a toujours des vendeuses, mais c’est surtout le vendredi et le samedi que ca s’anime (je n’ai pas encore pu prendre de photos).
Par contre il y a des déchets partout! Surtout des sacs plastiques. En fait il n’y a pas de poubelles. Les gens brulent leur déchets ou les laissent sur place. Il y a toujours des poules, des anes, des chevres, des zébus ou des cochons pour manger les restes, mais ils n’ont pas encore appris a manger le plastique… Résultat ca fait peur!
Apparemment pendant la révolution, Thomas Sankara avait instauré les travaux d’interet général. Et tous les week-ends les gens nettoyaient leur quartier. Hélas cette belle mesure est morte avec son investigateur…

Pour l’instant j’ai trouvé 4 endroits où l'on mange bien :  «Le Cosmo », « Le Jardin du Maire », « La Maison des Jeunes » et « La Maison des Femmes ». On y trouve toujours du riz, du couscous, du riz gras, de la soupe de poule, et quand on a de la chance du poulet braisé et parfois meme du poisson braisé (un poisson d’eau douce, très bon). Il y a aussi un gars qui fait de la chevre braisée qui est un délice!

J’habite dans une maison super grande avec 3 chambres dont 2 climatisées! C’est le grand luxe. Autant vous dire qu’il n’y a pas beaucoup de maisons comme ca ici!  En plus je suis tout près de l’UGPPK, où je travaille. J'ai réussi à prendre une photo googlemap de mon quartier.

Je vous laisse découvrir tout ca en photos et je vous dit à bientôt pour de nouvelles aventures!

P.S : Au sujet de Thomas Sankara, je vous recommande ABSOLUMENT de regarder le documentaire suivant :
http://www.dailymotion.com/video/x3uyl3_thomas-sankara-documentaire-1-3_news
Puis si vous voulez on pourra faire un sujet de blog à ce propos.

 Coucher de soleil devant chez moi

 Mon quartier

 La terrasse de chez moi

 Le salon

 Le centre-ville

 LA route gourdonnée qui traverse Léo

 Fin de journée au centre-ville